Être hypersensible : un pouvoir inné
On entend de plus en plus parler de l’hypersensibilité. Mais qu’est-ce vraiment ? Je pense que c’est un sujet auquel tout le monde devrait s’intéresser afin de vivre en harmonie avec nous-même et les autres. Comprendre nos agissements est un premier pas dans notre quête de l’acceptation de soi. Comprendre les agissements d’autrui permet d’améliorer ses relations et de se prendre moins la tête. Par ailleurs, je vous invite à lire mon article sur la la découverte de mon hypersensibilité si ce n’est pas déjà fait.
La définition selon Elaine Aron
La définition la plus couramment employée pour décrire l’hypersensibilité est celle de la psychologue et chercheuse américaine Elaine Aron. Selon elle, c’est un trait de caractère que possèderait 20% de la population. L’hypersensibilité est une sensibilité plus accrue que la moyenne. Elle est innée et va se développer en fonction de l’environnement dans lequel nous nous trouvons. Selon le docteur Aron il y a quatre caractéristiques principales qui doivent être prises en compte pour définir l’hypersensibilité.

1. Le traitement de l’information
Les hypersensibles traitent les informations plus en profondeur. Quand ils sont face à un problème ils évaluent toutes les solutions qui s’offrent à eux. C’est pour cela qu’ils mettent plus de temps à passer à l’action, ils réfléchissent beaucoup. On parle de pensée en arborescence, pour chaque idée on développe une sous-idée et ainsi de suite.
2. Les hypersensibles ont leurs cinq sens plus développés que la moyenne
La vue : quand je me retrouve dans un nouvel environnement, je ne peux m’empêcher de regarder partout. Inconsciemment, j’analyse tous les faits et gestes des gens. Je m’attarde sur la couleur de leurs chaussures, leur gestuelle…
L’odorat : actuellement je travaille dans une pépinière. J’éternue souvent à cause de ce que les plantes dégagent quand on coupe leurs feuilles ou à cause des pesticides. Mes collègues elles, n’éternuent que très rarement. L’odeur des produits d’entretiens me provoque également des éternuements et des maux de tête.
Le toucher : toucher certains objets peut me provoquer des frissons. J’ai beaucoup de mal avec l’épilation à la cire alors que d’autres personnes ressentent à peine la douleur.
L’ouïe : je suis souvent dans ma bulle et quand une personne me parle ou fait un bruit, je sursaute la plupart du temps. En effet, beaucoup de sons m’effraient, un objet qui tombe par terre, un enfant qui hurle. Je n’aime pas le brouhaha dans les lieux de rassemblement. Cependant, écouter de la musique forte provoque en moi une sensation de bien-être.
Le goût : ce sens n’est pas trop développé chez moi, si je n’aime pas un aliment je ne vais pas ressentir un dégoût extrême.
3. Les hypersensibles sont très réactifs émotionnellement parlant et éprouvent une forte empathie
Les émotions d’autrui dictent mon humeur. Je peux me sentir triste en une fraction de seconde sans savoir pourquoi. Puis, je m’aperçois qu’une personne se trouvant dans la même pièce est triste. Je ressens sa tristesse avant même de la voir. Au contraire, si quelqu’un est de bonne humeur, je vais l’être aussi.
On définit l’empathie par le fait de pouvoir reconnaître et comprendre les émotions et sentiments d’autrui. Aider quelqu’un à résoudre ses problèmes est un exercice dans lequel les hypersensibles excellent. Parfois, on n’a jamais vécu la situation de la personne qu’on aide mais on sait ce quelle doit faire pour se sentir mieux. Les solutions viennent intuitivement à nous.
Etre réactif émotionnellement veut aussi dire éprouver des difficultés à gérer ses émotions. Parfois je fonds en larmes, c’est mon moyen d’évacuer les énergies négatives. Un rien peut me déstabiliser et faire fluctuer mon humeur de nombreuses fois en une journée, c’est l’ascenseur émotionnel ! Pourquoi est-ce ainsi ?
Les différences entre le métabolisme des hypersensibles et des non-hypersensibles

- Les hypersensibles disposent de plus de neurones miroirs. Ce sont eux qui nous permettent de comprendre les émotions, les intentions et les actions d’autres personnes. Ils nous permettent d’analyser le monde extérieur afin d’en faciliter sa compréhension et d’y réagir en fonction.
- Les hypersensibles répondent différemment à la dopamine, neurotransmetteur qui influe sur notre comportement. On parle d’une sensation de plaisir qui active notre système de récompense, être invité à LA soirée de l’année ne va pas changer la vie d’un hypersensible alors que quelqu’un qui ne l’ait pas va peut-être y accorder plus d’importance. Un hypersensible qui va assister à un concert va peut-être produire plus de dopamine que quelqu’un qui ne l’est pas. Les sensations fortes déclenchent également de la dopamine chez l’individu. Rouler vite à moto provoque de l’adrénaline, on m’a même dit « le fait de frôler la mort me stimule encore plus ». Quand on a un fort taux en dopamine on adopte plus facilement des conduites à risques car elles provoquent du plaisir. Dans l’ensemble, les hypersensibles n’aiment pas prendre de risques, c’est pour cela que ce sont ceux qui ont le plus de chances de survivre et c’est « grâce à eux » que notre espèce a survécu jusqu’à maintenant car ils sont plus alertes aux dangers qui nous entourent.
- La sérotonine est un neurotransmetteur qui régule l’humeur, le comportement, l’anxiété et l’apprentissage. Elle pourrait aussi jouer un rôle dans la prise de décision et la motivation. La sérotonine est aussi appelée l’hormone du bonheur. Fabriquée par notre cerveau (au sens large) elle est éliminée au fur et à mesure par un transporteur afin que notre cerveau puisse crée de la nouvelle sérotonine. Le métabolisme des hypersensibles fait que le transporteur élimine la sérotonine plus rapidement. Le cerveau n’arrive donc pas à suivre le rythme pour en crée de la nouvelle. En conséquence, l’humeur, le comportement, l’anxiété et l’apprentissage ne sont pas régulés. Ce qui explique d’un point de vue scientifique pourquoi les hypersensibles ont du mal à gérer leurs émotions.
Une fois que j’ai compris ceci je me suis interrogée : « Je suis hypersensible donc je n’ai pas assez de sérotonine, ça voudrait dire que je ne serais jamais aussi heureuse que les autres, j’aurais toujours des problèmes d’anxiété et une tendance dépressive, n’est-ce pas » ? Et bien non, qui dit carence dit compensation. J’ai poursuivi mes recherches et j’ai découvert des gélules à bases de plantes qui m’ont permises de réguler mon humeur. Depuis que je les prends je me sens plus stable émotionnellement. Je vous en parlerai avec immense plaisir dans un prochain article !

4. La sensibilité aux stimuli de notre environnement
On parle ici des stimuli subtils comme se trouver dans une grande ville et ne pas pouvoir s’empêcher de regarder partout : les personnes, les affiches, être à l’affût des conversations. Le comportement d’autrui envers moi me stimule énormément aussi. Charrier quelqu’un est une forme de stimulation, quand on me charrie je ne peux pas m’empêcher d’embêter la personne en retour. Je prends chaque remarque à cœur, j’en rigole. Alors que quelqu’un d’autre n’y porterait peut-être pas autant d’attention.
Les hypersensibles accordent beaucoup d’importance aux valeurs telles que le respect ou l’injustice. Si une personne ne me respecte pas ou manque de respect à mon entourage ça me met hors de moi. Rabaisser les autres est quelque chose que je ne supporte pas non plus. L’injustice m’hérisse le poil également.
Je ne sais pas si c’est pareil pour tous les hypersensibles mais je sais que d’autres personnes n’accorderaient pas autant d’importances aux points que je viens d’aborder. Mais pour moi ce sont des choses qui me mettent en colère très rapidement.
La richesse intérieure
Dans notre société, être sensible, voir introvertis comme 70% des hypersensibles n’est pas valorisé. Surtout chez les garçons, on leur fait comprendre qu’ils doivent être forts, qu’ils ne devraient pas pleurer. La sensibilité est assimilée à une faiblesse surtout en France où l’on essaie généralement de catégoriser la population. Pourtant, je pense que c’est un atout d’être sensible car on fait plus attention aux autres. Par contre, il faut savoir se protéger pour ne pas subir cette sensibilité.

L’introspection est quelque chose que les hypersensibles maîtrisent assez bien. Pour ma part, je me remets souvent en question, je suis consciente de mes émotions. C’est quand je suis seule, dans mon jardin secret que je me sens la plus heureuse. J’ai l’impression que tout m’est possible et c’est en étant seule que j’essaie de me construire pour pouvoir trouver la paix intérieure. Le fait de réfléchir constamment m’aide à analyser des situations et à trouver des solutions plus rapidement. C’est un atout dans le monde du travail également.
Savoir écouter est aussi une belle qualité, si je rencontre une personne et quelle ne se donne même pas la peine de s’intéresser à moi, je passe mon tour. Je n’ai plus envie de perdre mon temps avec des personnes qui ne parlent que d’elles-mêmes. Etre hypersensible veut aussi dire avoir une bonne intuition, être dans la capacité d’analyser le monde qui nous entoure. Je ne sais pas vous, mais parfois j’arrive à cerner rapidement les gens, savoir comment ils pensent, quelles sont leurs attentions, ressentir leurs émotions. Je suis consciente de certaines choses sans savoir pourquoi ni comment j’arrive à en être consciente, c’est à la fois intriguant et fascinant. Déchiffrer les comportements humains est juste passionnant.
Ressentir de l’empathie est une chose magnifique parce que grâce à cela on a ce « pouvoir » qui nous permet d’aider les gens à se sentir mieux. Parfois on n’a jamais été dans leur situation mais on sait ce qu’ils doivent faire pour pouvoir apaiser/guérir leurs souffrances, nous sommes de très bons conseillés. On parle ici d’intelligence émotionnelle, qui selon les psychologues John Mayer et Peter Salovey « réfère à la capacité de reconnaître, comprendre et maîtriser ses propres émotions et à composer avec les émotions d’autres personnes ».

Une fois que l’on comprend notre fonctionnement, il est plus simple de s’accepter. La découverte de ma carence en sérotonine m’a fait comprendre que c’était normal que je ressente de l’anxiété ou que je sois victime de montagnes russes émotionnelles. Ca m’a fait relativiser. Je viens de prendre conscience que pleurer m’aidait à relâcher les mauvaises énergies que j’avais accumulé. Avant, je pensais que pleurer faisait de moi quelqu’un de faible alors que pas du tout.
Etre hypersensible est une chance selon moi mais il faut savoir se gérer, trouver l’équilibre. Ne pas se laisser dominer par le flot d’émotions qui nous submerge. Quand les émotions sont positives la vie nous semble plus belle, plus intense et c’est génial. Mais si elles s’avèrent être négatives cela peut virer au cauchemar et c’est ainsi que l’on finit par souffrir de notre hypersensibilité. A finir par trop tout prendre à cœur et vouloir satisfaire tout le monde on finit par vivre pour les autres et non plus pour nous. Il faut que nous prenions constamment soin de nous afin de nous sentir bien. Quand on se sent bien on attire de belles énergies. Savoir bien s’entourer est essentiel car beaucoup ne comprennent pas notre comportement et pensent qu’on exagère. C’est tout simplement que ce ne sont pas des personnes pour vous. Les relations superficielles qui vous font sentir plus vide qu’autre chose ne vous amèneront à rien. Les vrais amis vous encouragent, vous valorisent, ne vous jugent pas et essayent de vous comprendre.
Que pensez-vous de l’hypersensibilité ?
J’espère que cet article vous aura plu, j’y ai décrit ma manière de voir les choses. Vous avez naturellement le droit d’avoir une opinion différente sur le sujet. Comme je ne suis pas une psychologue et que je n’ai pas analysé plusieurs hypersensibles, j’ai pris des exemples qui m’étaient propres. Si vous rencontrez un hypersensible essayez de le comprendre et de ne pas le juger. Si vous êtes hypersensible apprenez à vous accepter et tout ira pour le mieux. Que vous soyez hypersensible ou pas, souriez à la vie et elle vous sourira en retour ! C’est à votre tour de vous exprimer, que pensez-vous de l’hypersensibilité ?
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Références :
- Aron, Elaine N. Hypersensibles: mieux se comprendre pour s’accepter, 2019
- Salovey Peter, Brackett Marc A. et Mayer D. John, Emotional Intelligence: Key Readings on the Mayer and Salovey Model, 2004
- Berthoz Alain et Jorland Gérard, L’ Empathie, 2004, page 215
- Rizzolatti Giacomo et Sinigaglia Corrado, Neurones miroirs (Les), 2018
- Iversen Leslie L., Dopamine Handbook, 2010
- Spreux-Varoquaux Odile, Sérotonine: Aspects biologiques et cliniques, 2012
- Roland Olivier, Hypersensibles : Transformer l’hypersensibilité en atout, Des livres pour changer de vie consulté le 20/10/2021
- Baccus Marie et Bertleff Laura, L’hypersensibilité c’est quoi ? Learning the brain consulté le 03/11/2021
- Paul, Comment fonctionne le cerveau d’un hypersensible ? Connect the dots consulté le 15/20/2021
- Dr. Daniels Elayne, Do you wonder if you are a Highly Sensitive Person? Dr. Elayne Daniels consulté le 06/11/2021
- Brown Helen, What is emotional intelligence?+23 ways to improve it. Positive Psychology, 19/10/2021, consulté le 05/11/2021
- Une nouvelle étude sur le rôle joué par la sérotonine dans la prise de décision, Institut du cerveau, 21/03/2017, consulté le 03/11/2021